Taxe Google et taxe sur la copie privée, l’aberration d’un système qui se meurt

Les récentes actualités vis à vis de nouvelles taxes relancent de légitimes questions sur l’usage que nous faisons des nouvelles technologies et de ce qu’il est possible ou non de […]

Les récentes actualités vis à vis de nouvelles taxes relancent de légitimes questions sur l’usage que nous faisons des nouvelles technologies et de ce qu’il est possible ou non de faire des contenus. Que cela soit dans le cadre de la fameuse « taxe Google » réclamée par la presse, ou encore la désormais bien vieille taxe sur la copie privée qui va potentiellement s’appliquer sur les tablettes tactiles d’ici quelques mois, la logique qui s’opère derrière tout cela est bien plus un cri d’impuissance d’industries vieillissantes qu’autre chose.

La taxe sur la copie privée n’est pas nouvelle, elle existe en effet depuis presque 10 ans maintenant. Elle s’applique à tout support pouvant permettre de stocker des données qui pourraient être couvertes par le droit d’auteur. Que cela soit des musiques, films, livres ou autres, à partir du moment ou le stockage est possible, il est taxé. C’est ainsi qu’on retrouve cette taxe appliquée sur les CD-ROM, DVD-ROM, clefs USB, disques durs et j’en passe…

Le principe même de la taxe est en elle même assez révoltante, sous prétexte qu’une part des gens (importante ou non) consomment ces produits de manière illégale, on impose à tous le fait de payer pour compenser ce fameux « manque à gagner ». Les effets de bords pervers sont évidents, le premier étant particulièrement injuste, tout le monde n’est pas un pirate en puissance, et même si le support ne sert qu’à stocker vos documents personnels (textes, photos…), vous devez payer ! Les entreprises qui utilisent massivement des supports de stockages vont par exemple voir une bonne partie des frais engagés partir pour des usages qu’ils ne font pas !

Autre effet pervers, le fait de payer cette taxe ne vous exclu pas évidement de devoir payer vos contenus légaux, elle ne légitime clairement pas l’usage de contenus piratés à la manière d’une licence globale. Dès lors, si jamais vous achetez des contenus (musiques, vidéos) sur des plateformes légales et que vous les stockez sur un support (CD, clef USB, disque dur…), hé bien vous vous retrouvez à payer deux fois l’industrie culturelle ! Non seulement de par votre achat légitime, ce qui est normal, mais également par cette fameuse taxe qui leur est en partie reversée…

Le pire dans tout ça est surtout qu’il est impossible de prouver que ce fameux manque à gagner est vraiment provoqué par le piratage des oeuvres ! Attention je ne dis pas non plus que cela n’a aucun effet, cela serait se voiler la face. Mais l’industrie des contenus culturels a trouvé ici une excuse magnifique pour imposer ces taxes qui s’imposent à tous. Le plus ironique finalement c’est aussi ces nombreuses études qui prouvent que les gens qui téléchargent illégalement sont aussi ceux qui achètent le plus volontiers sur les plateformes légales (lire : Les pirates sont aussi de bons clients de l’offre légale) ! Ces derniers s’intéressant de fait plus à l’actualité culturelle et étant prêt à payer pour les artistes et oeuvres qu’ils apprécient.

De la même manière, une oeuvre piratée ne représente pas forcément une oeuvre qui aurait été achetée. Combien de fois j’ai vu des gens télécharger un peu tout et n’importe quoi uniquement car c’était possible et simple, et non parce qu’ils s’intéressaient réellement à ces contenus ? Il semble à peut prêt certain qu’ils n’auraient jamais acheté ces mêmes contenus légalement. Cela ne représente donc pas « de facto » un manque à gagner, même si, une nouvelle fois, cela n’excuse pas l’acte qui lui même est répréhensible.

Quand on sait que désormais il se vends plus de contenus numériques que de contenus physiques, principalement dans le domaine de la musique, ajouté au fait que le cinémas ne c’est jamais aussi bien porté que ces dernières années malgré un prix du billet toujours très élevé… On peut se demander ce qui justifie encore ces subventions d’état que nous payons tous sans le vouloir, sinon qu’à conserver le confortable bénéfice de majors et autres studios géants.

Le cas plus récemment évoqué de la fameuse « taxe Google » qui voudrait faire payer les moteurs qui agrègent les contenus et les utilisent pour informer les utilisateurs est encore plus aberrant. Les attaques faites par les différents acteurs de la presse française et allemande contre Google (et autres, même si ce dernier est le principal visé) au sujet du service Google Actualités ont, de manière assez hallucinantes, eu un excellent écho de la part de nos ministres et députés… Alors que ces services permettent de justement mettre en avant les différents sites d’actualité en fournissant un court extrait ainsi qu’un lien vers l’article en question, la proposition de loin demande à ce que les moteurs qui proposent cette fonction payent à chaque clic d’utilisateur utilisant ces liens ! Alors qu’en temps normal les entreprises payent et jouent des coudes pour se positionner en tête des classements de ces moteurs de recherches, la presse voudrait que ces derniers les rémunères pour les usagers qu’ils leurs fournissent !!! On croit rêver !

Et la réaction ne s’est pas faite attendre, Google ayant annoncé aujourd’hui que si une telle loi était votée, ils retireraient immédiatement tous les liens vers les sites français de leur moteur… Pas sûr que la presse y gagne réellement ! A ce petit jeu, la Belgique a déjà eu droit à ce traitement l’an dernier, débouchant très rapidement sur un accord entre la presse belge et Google pour un retour rapide de ces liens sur le moteur incontournable… Incroyable que la presse française et allemande, ainsi que nos décideurs, ne méditent pas sur ce qui a déjà eu lieu et n’en tirent pas les conséquences.

Là encore, on a le sentiment de voir diverses industries vieillissantes qui n’ont pas su s’adapter à l’évolution des usagers et qui voient leurs revenus fondre comme neige au soleil. Et qui, au lieu de remettre en question leur modèle économique et s’adapter, veulent conserver la main mise et fonctionner comme ils l’ont toujours fait… Quitte à pleurnicher des taxes et autres subventions aux états…

Il faut se rendre à l’évidence, hormis une part de plus en plus petite du public, nous ne consommons plus les contenus comme nous le faisons il y a encore quelques années. Moi même alors que j’achetais de nombreux CDs et des dizaines de magazines informatiques il y a encore 10 ans (haaaa ma collection d’Amiga Dream !) je ne consommes plus que des contenus numériques, principalement en suivant l’actualité sur le net, plus confortable, plus complète, plus réactive…

A l’heure ou il faudrait bien au contraire mettre en avant et aider les industries à changer de cap, on se retrouve à voir des décisions qui vont pénaliser les nouvelles technologies pour tenir en vie des industries sous perfusions qui refusent la réalité…

Image : SlashGear

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