Microsoft Surface, une tablette réellement novatrice ou futur échec retentissent ?

Microsoft vient en effet de dévoiler sa future tablette tactile, une première dans l’histoire de l’entreprise qui jusque là n’a jamais réellement été un fabricant d’ordinateur, exception faite des XBox. […]

Microsoft vient en effet de dévoiler sa future tablette tactile, une première dans l’histoire de l’entreprise qui jusque là n’a jamais réellement été un fabricant d’ordinateur, exception faite des XBox. Petit décryptage de ce qui a été annoncé ainsi que mon retour personnel.

En premier lieu, ce qui surprends le plus, c’est le nom choisi. Microsoft a décidé de profiter de la renommée de ses tables tactiles « surface », qui permettent de faire interagir un écran tactile avec des objets du monde réel. Si ce changement d’orientation majeur d’un produit à l’autre portant le même nom étonne, on peut reconnaître qu’après réflexion, le choix n’est pas idiot dans le sens ou l’interface qui permet à l’utilisateur d’agir sur l’appareil est là aussi l’écran.

Pour le côté technique, deux versions sont proposées, animées d’un processeur ARM ou Intel selon la version de Windows ciblée. Les appareils offrent une configuration qui semble correcte mais qui laisse encore planer beaucoup de doutes. La résolution de l’écran par exemple, aucune information concrète n’est connue à ce jour, on sait juste que l’écran de la version Intel sera full HD (1080p) en 16/9 mais rien de plus. Autre élément connu, le poids des différents modèles, 676 grammes pour la version ARM contre un gros 903 grammes pour la version Intel qui sera également plus épaisse.

En dehors des considérations techniques, il s’agit surtout pour Microsoft de prendre la maîtrise de l’offre matérielle afin de pouvoir exploiter au mieux le futur nouvel OS à sortir. Et à ce niveau là, on peut dire qu’il reste là aussi beaucoup de doutes.

Déjà il n’est pas du tout certain que le fait que Microsoft se lance dans la fabrication directe de matériel pour Windows soit du goût des différents fabricants qui travaillent habituellement avec eux. Même si pendant la présentation Steve Ballmer a assuré avoir tenu au courant les principaux partenaires concernés, leur vision des choses est encore à entendre. On pourrait y voir une manière pour Microsoft de reprendre le concept des « Nexus » de Google, à la différence prêt que Google ne fabrique rien directement et ne donne le nom Nexus qu’aux appareils réalisés conjointement avec certains fabricants (HTC, Samsung, Asus).

Ensuite, une seconde interrogation arrive, directement liée à la version 8 de Windows que prépare Microsoft, comment se fera le choix des utilisateurs sur telle ou telle version de la tablette une fois les deux modèles dans le commerce ? En effet, pour la première fois de son histoire, Microsoft ne va pas sortir un mais deux OS très différents même si l’entreprise tente par tous les moyens de faire croire le contraire.

D’un côté vous aurez Windows 8, évolution plus ou moins naturelle (j’y reviendrais plus loin) de Windows 7 que nous connaissons tous maintenant, un OS principalement réalisé pour les ordinateurs « classiques » utilisants un processeur de type x86 Intel ou AMD et qui permettera de faire tourner l’ensemble des logiciels que vous avez déjà. Et d’un autre vous aurez Windows 8 RT, une version un peu batarde qui, si elle affiche une interface similaire, est en réalité propulsée par un processeur ARM du même genre que ce qu’on trouve dans les appareils mobiles d’Apple ou Android. La problématique engendrée étant que du coup, aucune des applications windows existante ne pourra être utilisée sur ces appareils !

La solution qu’à trouvée Microsoft pour répondre à ce problème assez majeur est double et est aussi certainement la chose qui sera la plus critiquée :

  • D’un côté, Microsoft introduit sa nouvelle interface Métro, directement reprise de celle qui équipe les appareils mobiles Windows Phone 7, alors même qu’ils n’ont pas franchement provoqués l’intérêt du public. Cette interface a la possibilité de faire tourner des applications concues directement pour elle, sans passer par tout l’historique de windows, ses fenêtres et ses API. Ces applications, pour le moment au nombre plus que réduit, fonctionneront plus ou moins de la même manière quelque soit le processeur de l’appareil.Seulement cette nouvelle interface, principalement pensée pour le tactile, risque d’en perdre plus d’un quand l’utilisateur ne disposera pas d’un écran adéquat, l’utilisation à la souris étant plus que bancal avec des grands carrés colorés ! Je n’évoquerais même pas le choix d’avoir supprimé le fameux menu « démarrer » pour le remplacer par une interface Métro, obligeant à passer par ce système dans tous les cas de figures…
  • D’un autre côté, Microsoft conserve son interface fenêtrée classique et bien connue, avec donc, les applications que vous avez déjà qui fonctionneront sur la version x86, mais pas sur la version ARM. En réalité, le bureau de la version RT n’est pas réellement un windows, si les fonctions de gestions de fichiers sont bien là, les seules applications que vous pourrez utiliser dans ce mode sont, à ce jour, Word et Excel ! En effet Microsoft va intégrer directement la suite Office à cette version de l’OS et il ne sera pas possible d’installer d’autres applications en mode fenêtré !Un choix qui risque bien de faire grincer les dents des utilisateurs pensant pouvoir profiter de leur logiteque existante sur ces appareils !

Je suis très curieux de voir comment Microsoft communiquera sur cette problématique aux utilisateurs finaux. Et je sens déjà venir les très nombreuses complaintes d’utilisateurs non expérimentés totalement perdus dans cette logique…

Un autre chose m’a réellement intrigué suite à cette annonce, c’est le timing choisi par Microsoft pour dévoiler son appareil. Alors même qu’Apple vient de cloturer sa conférence des développeurs et que Google a la sienne programmé en fin du mois, était-ce réllement le bon moment d’allumer les projecteurs ? Certes Microsoft tient elle aussi sa conférence développeurs dédiée aux Windows Phone dans les prochains jours, mais cela n’explique pas ce choix. Surtout que les tablettes ne sortiront réellement qu’à la sortie de Windows 8, c’est  à dire au cours du mois d’octobre ! Pire, la version x86 de la tablette raterait les fêtes de fin d’année pour ne sortir qu’en début 2013 !

Franchement, quelle entreprise technologique actuelle dévoile ses plans 5 à 8 mois à l’avance ? Même si les caractéristiques sont encore floues, cela laisse largement le temps à la concurrence de répondre avec des appareils plus perfectionnés. Ce qui ne devrait pas être très compliqué compte tenu des configurations des dernières tablettes Android sur le marché comme l’Asus Transformer Prime Infinity.

Autre inconnue majeure, le prix de vente. Si Microsoft a annoncé un prix équivalent aux appareils déjà sur le marché, là encore ils risquent d’avoir quelqu’un qui leurs coupe l’herbe sous le pied. Entre le Kindle Fire qui est un gros succès et les rumeurs de tablette Nexus faite par Google et Asus prévues pour être vendues à moins de 200€, il sera difficile pour Microsoft de tenir cet objectif.

Et si jamais Microsoft faisait le pari d’aligner sa tablette ARM sur le prix de l’iPad, il y a fort à parier que celle ci soit un échec cuisant. Quel utilisateur investirait dans un appareil qui possède très peu d’applications, possède un matériel qui n’a rien d’exceptionnel quand pour un prix similaire il peut avoir un iPad nouvelle génération avec sa logiteque à ne plus présenter et un écran d’une finesse jusque là innégalée ?

Cela dit, à la décharge de Microsoft, cette première tablette de manque pas d’atout et de charme. Sa construction en magnésium a séduit les journalistes présents et la construction semble avoir été faite avec soin. Le pied arrière intégré, déjà vu dans quelques tablettes comme les Archos, est une excellente chose et il semble très bien réalité. Le design autour d’un écran 16/9 aidant là encore, les utilisateurs étant maintenant habitués à ce format qui, si il n’est pas le plus idéal pour la lecture en mode vertical, se trouve être redoutable en mode horizontal, adapté à la fois au surf et à la consomation ludique (jeux, films…).

Car en effet, comme bien des tablettes Android, Microsoft fait le pari d’une tablette dans la continuité des ordinateurs. Et si l’aspect général avec l’une des protections Touch Cover ou Type Cover ressemble à s’y méprendre à un portable classique ce n’est pas totalement un hasard. Microsoft reprends là à son compte l’idéel géniale à l’origine des Asus Transformer.

Mais l’idée s’arrette là, car si l’aspect est proche, les protections ne sont pas de véritables socles comme dans le cas des Asus. Il s’agit d’une sorte de clavier intégré dans la couche de la protection. N’esperez pas ici gagner en batterie, avoir de nouveaux ports d’extensions ou autre, le but est uniquement d’avoir un clavier physique intégré et aisément transportable sans ajouter un poids conséquent à l’appareil. Le résultat semble là encore avoir séduit les premiers testeurs, mais il s’agira de voir ce que la chose donne dans sa version finalisée.

Seulement, là encore je me demande pourquoi ce choix de timing. une telle couverture, si l’idée est excellente, n’a rien de complexe à réaliser. Il existe même déjà certains modèles qui se raprochent de l »idée comme les protections/claviers bluetooth proposés par Logitech. Ce n’est donc qu’une question de semaines avant de voir fleurir des accessoires similaires, tant pous iPad que pour d’autres appareils…

Difficile en l’état de garantir un succès dans la démarche de Microsoft, même si il faut reconnaitre qu’ils se donnent les moyens de leurs décisions. Seul l’avenir dira si le public adhère au concept.

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