Microsoft a détruit le marché du PC (un peu aidé par Intel) !

Tout ceux qui suivent l’actualité informatique ont eu des échos de la morosité ambiante, malgré le fait que l’année 2012 ait encore été une belle année globalement, pour la première […]

Tout ceux qui suivent l’actualité informatique ont eu des échos de la morosité ambiante, malgré le fait que l’année 2012 ait encore été une belle année globalement, pour la première fois depuis des années, il s’est vendu moins d’ordinateurs personnels que les années précédentes ! Ainsi, comme le montre l’étude de Gartner publiée ces derniers jours, le marché a reculé de -3,5% d’une année sur l’autre…

Gartner - PC sales - 2012

Pire, le dernier trimestre 2012 a été l’un des pire possible, alors que les ventes commençaient à marquer le pas au cours de l’année, tout le monde attendait fébrilement la sortie du nouveau Windows 8 pour pouvoir relancer la machine et vendre des modèles hybrides pc/tablettes à foison. Force est de constater que pour le moment, la sauce a bien du mal à prendre !

Gartner - PC sales - q4 2012

Et malgré l’annonce récente de 60 millions de licences distribuées, mais pas forcément vendues, difficile de faire croire au succès du nouveau système. Une preuve de plus, si il en était besoin, vient d’une étude publiée par AT Internet qui montre l’évolution comparative des parts de marchés constatées sur le net de Windows 8 et Windows 7 à partir du moment de leur sortie. Le constat est sans appel, alors que Windows 7 avait clairement séduit le public en représentant plus de 7% des visites deux mois après sa sortie officielle, Windows 8 n’arrive même pas à atteindre les 2% !

AT Internet - Windows 8 Vs Windows 7

Pour autant, on ne peut pas dire que la chose n’était pas prévisible, ainsi fin août dernier je relayais déjà un dossier de PC Inpact qui pointait du doigt les incohérences du nouveau système de Microsoft que j’avais déjà pressenti avant l’été (lire : Microsoft Surface, une tablette réellement novatrice ou futur échec retentissent ?). Difficile en effet de faire comprendre au public que ce nouveau Windows s’utilise à la fois à la souris ou au tactile, que les applications utilisables sur une interface ne le sont pas sur l’autre, que l’interface tactile ne gère plus de fichiers directement… Sans même évoquer la confusion la plus totale entre les versions Windows 8 et Windows 8 RT, ce dernier ne pouvant exécuter aucune application existante sur les versions précédentes…

Il faut dire que dans tout ces concepts d’ordinateurs mi portables, mi tablettes, il est difficile de s’y retrouver. Ils semblent n’avoir aucun avantage comparés aux ordinateurs précédents et sont bien moins pratiques à utilise que de véritables tablettes… Sans même évoquer les ordinateurs plus classiques, que l’on imagine vraiment pas utiliser au doigt tellement l’idée d’avoir la main tendue au dessus de son bureau est saugrenue et fatigante…

Si on ajoute à cela des décisions plus ou moins douteuses tel que la mort forcée des netbook qui étaient limités principalement par les restrictions imposées par Microsoft sur la version Starter de Windows 7 que par la volonté des fabricants. Pour rappel, pas de processeur de plus de 2 gHz simple coeur, pas plus de 1 Go de mémoire vive et pas plus de 250 Go de disque dur… Du coup, vu que les machines n’évoluaient plus, les acheteurs ont cessé de s’intéresser au secteur, qui plus est concurrencé par les tablettes, produit bien moins versatile mais tellement plus séduisant que ces mini ordinateurs au design daté et qui luttent pour afficher la moindre page internet du fait de leurs limitations matérielles.

Intel a bien tenté de pousser les fabricants à aller vers les ultrabook, qui singent plus ou moins bien le concept du MacBook Air sans en avoir le pouvoir de séduction, les ventes n’ont évidement pas suivies. Intel prévoyait une razzia, elle n’a créé qu’un marché de niche pour ceux qui ont encore la volonté d’investir un peu plus que les 500 ou 600 euros demandés pour les modèles les plus populaires. Il ne reste quasiment plus qu’Apple pour vendre à plus de 1000 euros un modèle qui contient un matériel qui en vaut 20 à 25% de moins.

Les fabricants ne sont pas dupes, ils s’en rendent parfaitement compte. Du coup ils tentent de réagir, mais que faire ? Proposer des ordinateurs sous Windows 7 ? Impensable ! Si Microsoft avait toléré la chose lors du passage de XP à Vista suite aux très nombreuses plaintes et défauts de jeunesses, elle ne refera pas deux fois la même erreur. Du coup ils vont dans des concepts un peu fous qui n’auront très certainement que des succès d’estimes, tout au plus. Comme ces tablettes démesurées de 18 pouces chez Asus (Transformer AIO), voire même le modèle 27 pouces du chinois Lenovo… Difficile d’imaginer le grand public être tenté par ces modèles hors norme, au prix qui suivra forcément, sans même évoquer le côté ridicule !

Lenovo - 27 pouces !

Tout ceci laisse un goût amer. Bien évidement avec l’avènement du tactile initié par l’iPhone puis l’iPad, les ordinateurs classiques vont forcément perdre une part du gâteau pour tout un public qui n’a pas besoin d’un appareil trop évolué. Cependant des usages d’un véritable ordinateur sont encore à ce jour impossible à adapter correctement sur ces nouveaux engins. Je me vois mal entrer mes billets sur un écran tactile, même aidé du meilleur clavier virtuel qui soit. Je vois mal mes journées à maintenir et créer du code PHP, CSS, JavaScript et autres sans passer par des outils de développement sur ordinateur. J’imagine mal la création ou la retouche d’image précise sur des tablettes tactiles…

Evidemment le tactile apporte de nouveaux usages, voire peut être un formidable complément d’un ordinateur plus classique comme l’a bien compris Adobe avec la connexion entre des applications mobiles et sa Creative Suite. La tablette devient alors un outil supplémentaire qui apporte un plus, mais ne remplace en aucun cas l’ordinateur. De même, on nous parle régulièrement des applications musicales évoluées que l’on peut trouver sur iPad, de GarageBand d’Apple à l’iElectribe de Korg ou encore l’intégration du célèbre MPC d’Akai à la tablette… Ces applications sont plus impressionnantes les unes que les autres, mais les limitations de l’iPad font qu’il est impossible d’utiliser plus d’une application à la fois, et donc nous sommes vite limités là ou un véritable logiciel sur ordinateur peut ouvrir et contrôler autant de plugin VST ou appareils réels via MIDI. A moins bien évidement d’investir dans un lot d’iPad…

Tout ceci pour dire qu’il reste forcément un marché pour l’ordinateur classique, il reste seulement à trouver le bon créneau sans vouloir imposer à des utilisateurs des usages qui n’ont pas de sens !

Image d’en tête : ZDNet.com

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