Google, de nouvelles règles pas très droites ?

L’affaire fait grand bruit ces derniers temps et vous n’avez certainement pas échappé aux différents messages d’annonces, Google va modifier en profondeur sa politique de confidentialité. Un changement qui peut paraître anodin pour le […]

L’affaire fait grand bruit ces derniers temps et vous n’avez certainement pas échappé aux différents messages d’annonces, Google va modifier en profondeur sa politique de confidentialité. Un changement qui peut paraître anodin pour le commun des utilisateurs mais qui lève en réalité plus d’inquiétudes que de réponses. Petit décryptage !

Google est une entreprise qui propose énormément de services, son activité d’origine, la recherche, a enfantée de très nombreux produits, soit développés en interne, soit suite à différents rachats. Que ce soient Gmail, Youtube, Android ou autres Blogger et Google Docs, le nombre de services proposés avoisine pas moins des 60 !

Et jusque là, pour chaque produit différent, Google avait des règles d’utilisations différentes. Soit tout simplement car les produits n’ont pas grand choses en commun, soit car les produits sont des rachats qui avaient leurs propres conditions avant l’arrivée au sein du big G.

Google a, assez logiquement, jugé qu’il devenait plus que complexe de maintenir autant de documents et de règles différentes sur toute sa gamme de produits, d’autant plus que les produits sont maintenant bien souvent tous connectés entres eux par un unique compte utilisable d’un service à l’autre de manière transparente ou presque.

Leur idée est donc de simplifier tout l’ensemble en ne proposant plus qu’un seul document régissant toutes les règles et conditions d’utilisations aux services proposés, dans un but affiché de simplification pour l’utilisateur final, autant que pour eux.

Seulement si l’idée peut paraître séduisante et pratique, elle pose en réalité de nombreux problèmes vis à vis de la gestion de la vie privée et des informations que chacun renseigne dans les applications de Google. Car jusque là, il était tout à fait possible de ne renseigner que certaines informations dans un service alors que celui d’à côté n’en avait jamais la connaissance. Il n’y avait que très peu d’échanges entre les différents outils.

Le changement proposé a donc laissé craindre à certains une acceptation sous entendue par l’utilisateur de dévoiler l’intégralité de son identité numérique et de son utilisation d’internet à Google. Sans aucun cloisonnement entre les services, certains ont alors imaginés des dérives potentielles. Ainsi, même si il s’agit de scénarios inventés, certains ont eu peur de voir par exemple apparaître des publicités dédiées à l’eau gazeuse sur votre Android si vous venez de rechercher une image d’une bouteille de Perrier sur Google Search depuis votre ordinateur… Pire, d’autres ont même imaginés que Google allait ainsi pouvoir « vendre » une information d’autant plus riche sur ses utilisateurs aux différents annonceurs publicitaires toujours friands de ces informations servant à mieux cibler le public.

Le problème majeur de la chose, est que ces nouvelles règles seront validées et imposées à partir du 1er mars 2012 prochain. Un tel empressement a de suite levé les soupons dans l’esprit de certains qui ont même parfois incités les gens à totalement fermer leur compte Google.

Ces craintes sont-elles justifiées ? Peut être pas, mais elles sont de toute manière légitimes et il est bon de voir que les gens réagissent sur ces problèmes qui n’ont l’air de rien mais qui pourraient à terme laisser dans les mains d’une entreprise quelle qu’elle soit une bonne partie de la vie de bon nombre de gens. Le symbole du Big Brother ne se cache pas bien loin même si Google s’en est toujours défendu. Au même titre que Facebook par exemple.

Google a été obligé de répondre aux critiques et de se justifier vis à vis de ces craintes. Ils se sont fendus de deux annonces sur leurs blogs officiels. Un premier publié par le directeur des règles de confidentialités, Pablo Chavez, qui explique clairement que ce sont uniquement les règles de Google qui changent et non le contrôle que peut avoir l’utilisateur sur ses données qui changent. Un second qui réponds plus directement aux attaques récentes de concurrents ou journalistes qui démontre que bien des idées sont faites sur les activités de Google vis à vis des données personnelles.

Car au delà de la crainte, en partie justifiée, de certains, d’autres entreprises ont profité du coche pour sortir l’artillerie lourde et accuser tout simplement Google de ne pas prendre en compte la vie privée de ses utilisateurs. Ainsi Microsoft a lancé une campagne de publicité se prônant roi dans le respect de ceux-ci et accusant nommément Google, et a rajouté une couche en diffusant officiellement une vidéo qui pointe directement sur une soit-disant lecture de vos mails par un « GMail Man » ne respectant par votre vie privée.

Il est tout de même assez ironique de voir une entreprise comme Microsoft, qui n’est pas connue pour sa sainteté d’attitude vis à vis des utilisateurs se positionner en chantre du respect de l’individu… Même si cela fait partie d’une campagne bien plus importante de restauration de leur image engagée depuis quelques années maintenant. D’autant plus que les services de Microsoft ne font pas mieux ! Hotmail se sert bien du contenu des mails pour détecter les spams par exemple.

D’autant plus que, malgré toutes les critiques qu’on peut faire envers Google, ils sont les seuls à proposer une interface qui résume d’un bloc l’ensemble de vos données hébergée chez eux (Google Dashboard) ainsi qu’une solution vous permettant d’exporter l’ensemble de ces données (Google Takeout et l’exportation des données depuis votre compte personnel).

Google avait ces derniers jours une convocation devant le congré américain pour s’expliquer sur ces changements. Et même si il semble qu’ils n’aient pas totalement convaincu les députés, le dialogue est ouvert et je ne doute pas que Google arrive à clarifier les quelques zones d’ombres autour du projet avant sa mise en application. C’est de toute façon leur intérêt le plus grand si ils ne veulent pas se retrouver sous le coup de sanctions potentielles qui pourraient s’avérer très risquées pour l’entreprise. Au final, l’utilisateur devrait y gagner et il est bon de voir que les gens ont promptement réagit en exprimant leurs craintes !

Big Brother ne devrait pas voir le jour en 2012 donc, en tout cas pas du côté de Mountain View…

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