Mises à jour, le talon d’Achille d’Android

Si il y a bien une critique récurrente faite à Android, tant par ses détracteurs que ses aficionados, c’est sa faiblesse vis à vis du suivi des appareils sortis et des mises à […]

Si il y a bien une critique récurrente faite à Android, tant par ses détracteurs que ses aficionados, c’est sa faiblesse vis à vis du suivi des appareils sortis et des mises à jours de ceux-ci.

C’est d’autant plus rageant de voir que les fabricants et opérateurs ne jouent pas le jeu que l’OS propose depuis sa première version un système de mise à jour « Over The Air » dit OTA très efficace. Nul besoin d’être connecté à un ordinateur pour profiter d’une mise à jour à partir du moment ou celle-ci est diffusée. Si l’iPhone a depuis repris cette fonctionnalité avec plus ou moins de succès (la taille des mises à jour iOS reste bien plus importante que ses équivalentes Android), c’est bien Android qui a popularisé ce système fort utile et simple.

Seulement, si la chose c’est globalement bien passée pour les appareils proposant une version « nature » (dite Vanilla) de l’OS, c’est toute une autre histoire sur les appareils qui ont vu leur OS modifié soit par le fabricant, soit par l’opérateur mobile. Car là ou Google peut décider de pousser aisément une mise à jour à tous les appareils disposant d’un Android nature, chaque intervenant qui a modifié des éléments dans l’OS doit alors ré-implémenter et valider le fonctionnement de ces modifications à chaque nouvelle version. Ce qui prends du temps, et parfois même, le nouvel OS est bien trop gourmand pour un ancien appareil qui ne profitera donc jamais d’une mise à jour.

Faisons donc un petit point sur les différentes raisons qui font qu’un appareil n’aura pas le droit à sa mise à jour.

Cas 1 : un appareil technologiquement dépassé

Android n’a même pas 4 petites années, mais il faut bien reconnaître qu’il a fallu attendre presque 2 ans avant de voir apparaître des appareils techniquement intéressants. Avant la sortie du Motorola Droid/Milestone et du fameux Nexus One, les mobiles sortis étaient plus que limités techniquement. Même si j’adore mon petit HTC Hero, aux côtés des HTC Dream, HTC Magic, Samsung Galaxy et autres Samsung Galaxy Spica, ils étaient tout de même très limités. Processeurs lents, peu de mémoire vive embarquée, très peu d’espace de stockage interne… Tout ceci rends très complexe une évolution vers des OS plus performant qui sont de fait plus gourmands en ressources.

Evidemment, on trouvera toujours quelques talentueux hackers qui vont réussir à porter le dernier OS sorti sur ces modèles, ainsi comme j’en ai parlé ici, le HTC Hero permet de faire tourner Ice Cream Sandwich, seulement l’expérience utilisateur est très éloignée de ce qu’on est en droit d’attendre. Très lent à l’usage et surtout, quasiment impossible d’installer des applications tierces de part la très faible place libre après installation de l’OS.

Sans même évoquer la place prise par une éventuelle sur-couche ajoutée par le fabricant ou l’opérateur, il est relativement compréhensible de ne pas avoir de mises à jour pour ces appareils. Cette génération a généralement été mise à jour jusqu’à Android 2.1 dans le meilleur des cas, et si on peut logiquement regretter un certain manque de suivi, il n’est pas totalement aberrant de voir ces modèles laissés en l’état, d’autant plus qu’ils fonctionnent relativement correctement sur leurs versions actuelles et qu’une mise à jour ne leurs apporterait que peu de bénéfices.

Cas 2 : une limitation technique plus ou moins acceptable

Bon nombre d’appareils sortis l’an dernier n’auront pas plus le droit à la mise à jour. Si globalement tout le parc ou presque est maintenant disponible en 2.2 ou 2.3, cela ne signifie pas pour autant qu’ils vont suivre la cadence en 2012.

Ainsi on a déjà vu HTC lutter avec son Desire et avoir tout le mal du monde à offrir Android 2.3 avec ses modifications Sense, laissant les utilisateurs avec une version 2.2 et offrant une version 2.3 tronquée et uniquement disponible pour les développeurs intéressés… Quand dans le même temps, son frère jumeau, le Nexus One, se voyait mis à jour sans aucun souci avec un Android nature…

Outre ce cas un peu étrange, la grande majorité des appareils sortis en 2010 et 2011 ne seront malheureusement pas suivit en Ice Cream Sandwich officiellement. La chose peut se comprendre pour la majeure partie des appareils de part leurs capacités techniques là encore. Même si il doit bien être possible de glisser la version 4 de l’OS dans une bonne partie de ces modèles, il n’est pas fondamentalement surprenant de voir les HTC Tatoo, Samsung Galaxy ACE, Sony XPeria x10 et autres Acer Liquid rester en 2.2 ou 2.3, sans même évoquer la pléthore de modèles encore plus bas de gamme (ZTE, Huawei et j’en passe). Le nombre sorties d’appareils et l’évolution à marche forcée du marché à bas prix poussant fortement à un changement d’appareil plutôt qu’à une mise à jour.

Notez bien que je ne cautionne pas ici l’état des choses, je décris tout simplement ce qui se passe réellement.

Cas 3 : un abandon incompréhensible et inadmissible

Le problème du HTC Desire semble être similaire pour le cas du fameux Galaxy S de Samsung, le portable Android le plus vendu jusque là, qui malgré son matériel puissant ne sera à priori jamais mis à jour en Ice Cream Sandwich pour des raisons officielles d’espace. Cela dit, si la raison avait un peu de sens sur les premiers HTC n’ayant pas de stockage interne important, elle est bien moins recevable sur un modèle disposant de 8 Go en interne… Là encore son jumeau, le Nexus S, a droit à sa part de glace !

Autre laissé pour compte célèbre sans raisons valables données, le premier téléphone « officiel » Google, le fameux Nexus One. Google ayant en effet annoncé ne pas le suivre sur Ice Cream Sandwich, sans donner la moindre explication. J’ai déjà évoqué des potentielles raisons ici même, mais aucune n’a pour le moment eu de réponse réelle. D’autant plus que les hackers de XDA-Developers sont déjà à pied d’oeuvre pour apporter une solution aux plus curieux d’entres nous, et il ne fait aucun doute que des ROM comme celle de CyanogenMod auront un support de ce modèle culte.

A côté de ces deux modèles phares, bien d’autres seront injustement abandonnés, sacrifiés sur l’hôtel de l’évolution du marché et du trop grand nombre d’appareils développés et mal suivit… Au final, si certains fabricants comme Sony font preuve d’une belle réaction en promettant Ice Cream Sandwich à tous les appareils sortis en 2011, cela tient bien plus de l’exception que de la règle malheureusement. Au final, le passage à Android 4 sera une réelle barrière pour bon nombres d’appareils qui ont pourtant tout ce qu’il faut techniquement pour faire tourner le nouvel OS sans problèmes.

Mais au final, est-ce si dramatique que ça ?

Non ! Et c’est là le paradoxe de la chose. Si je ne peux que regretter ces problématique et ce manque de suivi global des fabricants, cela n’a finalement que bien peu d’incidence sur l’immense majorité des usagers d’Android.

Car finalement, les appareils vendus en 2.1, 2.2 ou 2.3 tournent bien, offrent tout ce dont on est capable d’attendre d’un smartphone actuel et, sorti de quelques rares soucis, ne posent aucun problèmes aux possesseurs de ces modèles. Si Android est possède une réputation de « geek », les chiffres de ventes montrent à l’opposé que le grand public a massivement adopté le petit robot vert sans forcément bien savoir en quoi cela consistait. Souvent on leur a proposé le choix entre un appareil « a l’ancienne » plus ou moins tactile ou un Android vendu comme moderne pour un prix équivalent. Il serait globalement stupide de refuser le nouveau modèle plus attrayant avec son écran tactile, ses utilisations riches et les applications de l’Android Market dans leur grande majorité ! Car si l’expérience Android n’y est pas toujours optimale, elle convient largement à ceux qui n’en attendent finalement pas plus !

Quelle proportion d’utilisateurs d’Android savent réellement quelle version de l’OS fait tourner leur appareil ? Bien peu j’en suis sûr, et ils s’en moquent ! A partir du moment ou les usages qu’ils en ont sont remplit, ils ne cherchent pas plus loin. Passer à Android 4, c’est bien joli, mais ça change quoi dans leur quotidien ? Pas grand chose au final en l’état, même si les geeks que nous sommes savons à quel point la chose a son importance dans le futur. Pire que ça, d’ici là que la majorité des appareils vendus passent en Ice Cream Sandwich, leurs portables arriveront en fin de vie et ils découvriront le nouvel OS sur un appareil de nouvelle génération directement adapté et en apprécieront que mieux l’évolution…

Encore une fois, je ne cautionne pas ce manque de suivit, surtout quand on voit qu’Apple, pourtant décrié sur bien des points, fait mieux qu’Android à ce petit jeu, mais j’observe juste que dans les faits ça n’a que peu d’incidence sur le consommateur.

Quoi qu’il en soit, Google a commencé à prendre le problème à coeur, et si les surcouches ont encore de beaux jours devant elles, les choses évoluent progressivement. Ainsi la majorité des applications fournies par Google nativement sont maintenant mises à jour par le Market (GMail, Maps et j’en passe) et Google exige désormais que les fabricants conservent l’interface standard « Holo » pour les applications natives comme l’Android Market et les applications utilisant cette interface. Permettant à terme d’uniformiser peu à peu la chose et avoir moins de divergence entre les différents modèles.

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